Par : Zira
En lisant une nouvelle annoncée par l’agence d’information Siwel, j’ai éprouvé de l’amertume. Je me suis demandé, en effet, au vu de cette information, si malgré le soulèvement des peuples arabes contre les pouvoirs qui les dirigent, ils ne resteraient pas égaux à eux-mêmes. Aujourd’hui, l’heure est à la révolte, avec des doléances bien précises. En Algérie, par exemple, la population ne risque pas de se soulever de peur de donner raison aux Kabyles. Nous l’avons vu, au fil des différentes manifestations de revendication identitaire de la KABYLIE. Le reste des Algériens ne s’est jamais indigné du fait que le Pouvoir s’acharne à détruire l’identité berbère (kabyle, en ce qui concerne les Kabyles). Il n’a jamais dénoncé le fait que le Pouvoir algérien tuait cette identité, pour la énième fois, en tuant ses défenseurs, ou en les emprisonnant, en les persécutant, en les torturant, en les exilant… Lors de la marche kabyle sur Alger, en 2001, la population d’Alger a aidé, à coups de pierre, à « repousser » les Kabyles vers « chez eux »! Aucune main amie ne s’était tendue. Aucun élan de solidarité de la part des autres régions du pays. Après l’ignoble assassinat de Matoub Lounès, les Algériens ont poussé l’outrecuidance jusqu’à faire des épitaphes méprisantes à la radio, ou sur le net… Après le « Printemps Berbère » de 1980, toutes sortes de calomnies ont été lues et entendues. Siwel rapporte qu’une « rencontre nationale » est organisée pour débattre de la situation qui prévaut en Algérie. Pour moi, cette rencontre est une façon de cautionner l’état actuel des choses! Car une autre manifestation, qui, elle, exprime des demandes précises, et qui n’a pas reçu l’aval des autorités, est prévue pour le même jour, le samedi 22 janvier -fait souligné, d’ailleurs, par Siwel. Les organisateurs de la « rencontre nationale » se disent animés de toute la bonne volonté du monde. Seulement, en faisant coïncider leur rencontre avec la date prévue pour la marche de Saïd Sadi et de son parti, le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), ils montrent, au contraire, qu’ils n’ont pas tant que cela de bonne volonté! Ce fait, à lui seul, illustre bien la discrimination envers les Kabyles. Je ne peux pas conseiller Saïd Sadi car il est de ma génération, et qui plus est, c’est un fin politique; cependant, j’attire son attention sur le fait que les Kabyles sont la bête noire des autres Algériens. Quand je parle de Kabyles, je pense aux vrais Kabyles -qu’ils soient autonomistes ou algérianistes. Les autres, eux, ne se servant de ce mot que comme d’un objet transitionnel qui comblerait leurs défaillances, sont, tour à tour, hétéronomes, habitués à la condition de sous-peuple, habitués à la soumission et à l’aliénation, achetables à souhait, et capables de bien d’autres bassesses qu’ils tentent de camoufler en se déclarant « Kabyles ». Après s’être battu pour sortir l’Algérie de la gangue d’un système dictatorial, Monsieur Saïd Sadi n’est toujours pas reconnu au niveau national car on ne lui pardonne pas d’avoir combattu pour l’identité kabyle. Un jour, peut-être, se rendra-t-il compte que le combat le plus porteur est celui qui concerne son propre peuple. Nous ne pouvons prétendre faire partie de l’autre puisqu’il n’a de cesse que de conforter un Pouvoir dont le projet principal consiste en notre éradication. Plus il avance dans sa besogne exterminatrice, et plus il rallie les foules endoctrinées qui le défendent conte ces Kabyles insoumis! Cette « rencontre nationale » réveille en moi tant de mauvais souvenirs. Les autres Algériens s’acharnent à vouloir nous faire partager leurs seuls souvenirs. Sans trop remonter dans le temps, je cite un récent, comme celui-ci : « Sous la colonisation française, nous étions des sous-hommes », phrase sortie de la bouche d’un homme jeune, qui a néanmoins trouvé refuge au pays des anciens colons. Je ne partage pas ce souvenir. Il y avait de l’humanité, au temps de la France.